"Ce n’est pas ce qui est ressenti qui est le problème, mais l’attachement à ce qui est ressenti"- Bouddha
Nos douleurs physiques ne proviennent pas toujours d’un problème purement corporel. Selon l’enseignement du Bouddha, l’esprit et le corps sont intimement liés, et les émotions non reconnues peuvent devenir souffrance physique.
Le Bouddha enseignait que toute expérience naît du contact entre un objet, un organe sensoriel et la conscience. Ce contact donne lieu à une sensation (vedanā), agréable, désagréable ou neutre. C’est à partir de cette sensation que l’esprit réagit, générant attachement, aversion ou ignorance — trois racines de la souffrance. Si ces réactions mentales sont répétées ou ignorées, elles peuvent s’imprimer dans le corps sous forme de tension ou de douleur persistante.
Une émotion non exprimée ou réprimée ne disparaît pas. Elle reste en nous, très souvent à un niveau inconscient, et peut se manifester par des douleurs physiques. La peur, par exemple, peut se loger dans la poitrine ou le ventre. La colère se cristallise souvent dans les épaules, le cou ou le dos. La tristesse peut peser sur le cœur ou entraîner une fatigue chronique. Ces manifestations sont des appels à l’attention, des signaux que quelque chose n’a pas été vu ou compris dans notre vie intérieure.
Dans le Bouddhisme originel, la pleine conscience (sati) est le moyen privilégié pour observer ces liens entre corps et esprit. En prêtant attention aux sensations physiques sans les fuir ni les juger, on peut remonter à leur origine émotionnelle. Cette compréhension directe permet un relâchement naturel, tant mental que corporel. On ne combat pas la douleur: on l’écoute, on la comprend, on l’apaise.
Il ne s’agit pas de nier les causes physiques possibles d’une douleur, mais de ne pas négliger la dimension mentale et émotionnelle. Une douleur persistante sans cause médicale évidente mérite d’être explorée du côté de l’esprit. Le Bouddha nous invite à observer directement ce qui est là, avec bienveillance et clarté, pour voir la souffrance se dissiper à sa racine.
Lorsque l’on développe cette conscience intérieure, le corps devient un messager précieux. Il nous informe de nos déséquilibres, de nos attachements, de nos refus. Apprendre à l’écouter, c’est apprendre à se libérer.
Le Bouddhisme nous rappelle que corps et esprit ne sont pas séparés. Les émotions que nous refoulons ou ignorons peuvent s’imprimer dans notre chair, créant tensions et douleurs. En cultivant la pleine conscience, nous apprenons à reconnaître ces signaux et à les libérer. Le chemin vers la paix intérieure passe aussi par l’écoute du corps.
Des recherches récentes en neurosciences, notamment en psychosomatique, confirment que les émotions refoulées ou non exprimées peuvent se manifester par des douleurs physiques chroniques. Le Dr. Bessel van der Kolk, spécialiste du traumatisme, explique dans son ouvrage Le corps n’oublie rien que le corps "enregistre" les expériences émotionnelles non digérées, entraînant tensions musculaires, inflammations et douleurs persistantes. Ce que le Bouddha enseignait il y a plus de 2500 ans est aujourd’hui validé par l’imagerie cérébrale moderne: l’esprit influence directement le corps.