"Le passé est révolu, le futur n’est pas encore là. Il n’y a que le moment présent qui est vôtre."
- Bouddha

Revenir à l'instant pour se sentir enfin comblé

Par Martin Jutras

Nous nous sentons souvent vides ou insatisfaits sans comprendre pourquoi. Cette sensation provient bien souvent de notre absence à l’instant présent.

Une grande partie de notre souffrance vient d’une illusion: celle qu’il nous manque quelque chose. Nous avons cette impression constante que la vie serait meilleure ailleurs, plus tard, ou dans une autre circonstance. Ce sentiment est en réalité le fruit de notre distraction, de notre éloignement de l’instant présent.

Le Bouddha a enseigné que l’insatisfaction (dukkha) provient de notre tendance à rejeter ce qui est et à courir après ce qui n’est pas. Cela nous pousse à vivre dans un état de manque, même quand tout ce dont nous avons besoin est déjà là. Ce n’est pas la réalité qui manque, mais notre présence à cette réalité.

Quand nous sommes présents, nous voyons plus clairement. Nous goûtons enfin la simplicité d’un moment ordinaire: une respiration, une lumière, un silence. Ce qui paraissait vide devient plein. Ce qui paraissait banal devient précieux. La vérité, c’est que la réalité présente contient tout ce qu’il nous faut pour être en paix. Mais à force d’être ailleurs, nous passons à côté.

Cette course permanente vers une satisfaction future nous épuise. Nous sommes comme quelqu’un qui a faim, à qui l’on présente son plat préféré, mais qui détourne la tête pour chercher un autre repas. La frustration vient alors naturellement. Revenir à l’instant, c’est enfin s’asseoir, regarder, sentir, goûter. C’est cesser de chercher et commencer à vivre.

"La vérité, c’est que la réalité présente contient tout ce qu’il nous faut pour être en paix."

Le sentiment de manque ne disparaît pas parce que l’on trouve "ce qui manquait", mais parce qu’on cesse d’ignorer ce qui est déjà là. La réalité ne nous prive pas, elle nous appelle. Et chaque fois que nous revenons pleinement ici et maintenant, cette réalité nous comble d’une paix silencieuse mais profonde.

La plénitude ne dépend donc pas de ce que nous possédons ni de ce que nous atteignons, mais de notre capacité à être présents. Et cette capacité, chacun de nous peut la cultiver. Cela commence simplement par un choix: revenir.

Le Bouddha disait que l’attention vigilante est "le chemin qui mène à l’immortalité". En d’autres mots, c’est ce retour au réel qui ouvre la porte à la véritable liberté. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est ce qui transforme la vie.

Revenir à l’instant, ce n’est pas fuir le monde, c’est l’habiter. C’est faire la paix avec ce qui est, ici, maintenant, sans en vouloir plus, sans vouloir autre chose. Et dans ce simple geste, quelque chose en nous s’apaise, se détend, s’ouvre. C’est là que nous nous sentons enfin comblés.

En résumé

Nous passons une grande partie de notre vie à chercher ce qui pourrait enfin nous combler, sans réaliser que cette quête nous éloigne de ce qui est déjà là. En revenant à l’instant présent, nous cessons de nourrir cette impression de manque. Nous redevenons disponibles à la réalité, à nous-mêmes, et à la richesse de l’instant. C’est dans cette présence simple, sans attente, que nous faisons l’expérience d’être véritablement comblés — pas par ce que nous obtenons, mais par ce que nous cessons d’ignorer.

Mise en Pratique

  • Ramener l’attention au souffle: Plusieurs fois par jour, prenez simplement une respiration consciente. Suivez l’inspiration et l’expiration du début à la fin. Cela vous ancre immédiatement dans l’instant présent.
  • Observer sans commenter: Pendant une activité simple (marcher, boire, écouter), portez attention à ce qui se passe sans juger ni commenter mentalement. Juste ressentir.
  • Faire une pause consciente: Dans votre journée, marquez de courts arrêts pour simplement vous rendre compte que vous êtes là. Regardez autour de vous, sentez votre corps, et revenez à ce qui est.

Le Saviez-vous?

Dans le Majjhima Nikāya, le Bouddha enseigne que même les pensées sur le Dharma peuvent devenir un obstacle si elles nous éloignent de l’expérience directe du moment. Il rappelait que la libération ne vient pas des concepts mais de l’expérience vivante, ici et maintenant.