"Ce n’est pas l’or ou l’argent qui est blâmé, mais la passion, l’avidité, l’attachement."- Bouddha
Le Bouddhisme ne rejette pas l’argent, mais met en garde contre l’avidité et l’attachement qu’il peut engendrer. L’enseignement vise un rapport sain, éthique et détaché à la richesse.
Dans le bouddhisme originel, l’argent n’est ni intrinsèquement mauvais ni recherché comme une fin en soi. Il est vu comme un outil, neutre par nature, dont l’usage peut être bénéfique ou nuisible selon l’intention et l’attachement qu’on y projette. Ce n’est donc pas l’argent en lui-même qui pose problème, mais la relation que l’on entretient avec lui.
Le Bouddha a enseigné que le désir (taṇhā), et en particulier le désir de possessions matérielles, est l’une des causes principales de la souffrance humaine. L’avidité, l’attachement et la peur de perdre ce que l’on possède créent un cycle d’insatisfaction perpétuelle. Le pratiquant est ainsi invité à développer une vigilance intérieure face à ses motivations: suis-je en quête de sécurité, de reconnaissance ou de pouvoir à travers l’argent, ou l’utilisé-je de manière juste et équitable?
Le concept de "soutenance juste" (sammā ājīva), qui fait partie du Noble Sentier Octuple, éclaire davantage cette relation. Il s’agit de gagner sa vie d’une manière honnête, sans nuire à autrui, et en accord avec les valeurs éthiques bouddhistes. Cela exclut, par exemple, les métiers reposant sur la tromperie, l’exploitation ou la violence. Ainsi, le bouddhisme ne rejette pas le travail ni la prospérité matérielle, mais leur donne un cadre moral.
Par ailleurs, dans de nombreux discours, le Bouddha reconnaît l’importance d’une stabilité économique pour les laïcs. Il encourage même une gestion saine des ressources, incluant l’épargne, le soutien à sa famille et la générosité envers les autres. Dans le Sigālovāda Sutta, il détaille comment répartir ses revenus de manière équilibrée, soulignant que la richesse bien utilisée peut servir à développer des qualités de cœur telles que la générosité (dāna), la bienveillance et le soutien communautaire.
La générosité occupe une place centrale dans cette vision. Offrir une partie de ses biens sans attente de retour est un entraînement fondamental pour réduire l’avidité et cultiver la liberté intérieure. Le don purifie l’esprit, détache du besoin de posséder et contribue au bien-être collectif. Ainsi, la richesse devient un moyen de pratique spirituelle, plutôt qu’un retour à l'égo.
Comme vous le voyez, le bouddhisme originel n’enseigne pas le rejet de l’argent mais propose une voie d’équilibre: utiliser ses ressources avec sagesse, éthique et détachement. L’argent devient alors un moyen au service du bien, plutôt qu’une fin générant souffrance et attachement.
Le bouddhisme ne condamne pas la richesse, mais interroge la manière dont elle est acquise, utilisée et perçue. Ce n’est pas l’argent qui est à rejeter, mais l’avidité et l’attachement qu’il peut susciter. Une relation saine à l’argent repose sur la générosité, l’honnêteté et l’intention juste. Ainsi, il est possible de vivre une vie matérielle équilibrée tout en avançant sur le chemin spirituel.
Dans le bouddhisme ancien, les moines et moniales vivaient sans manipuler d’argent du tout. Cette règle visait à éviter l’attachement, la corruption ou l’accumulation. Leur subsistance reposait entièrement sur la générosité des laïcs, créant ainsi un lien de réciprocité spirituelle entre les deux communautés.