"Ne vous attachez pas aux rites et aux rituels. Celui qui s’y attache ne peut atteindre la liberté."- Bouddha
Pendant plus de 30 ans, j’ai marché sur le chemin du zen. Mais un jour, ce qui m’avait nourri a commencé à m’enfermer. Voici pourquoi j’ai pris un autre chemin.
J’ai commencé la pratique du bouddhisme zen il y a plus de trente ans. À l’époque, je cherchais une voie simple, rigoureuse, silencieuse. Le zen, avec son atmosphère dépouillée, sa posture droite et son accent sur l’expérience directe, m’a profondément attiré. Pendant longtemps, j’y ai trouvé un refuge, une structure, une clarté que je ne trouvais nulle part ailleurs.
Mais au fil des années, j’ai commencé à percevoir une forme de rigidité dans cet école bouddhiste. Le zen ne se contentait pas de proposer zazen, il l’imposait comme unique voie valable. Cette idée, répétée encore et encore, que "zazen est la seule vraie méditation", m’est progressivement apparue comme un dogme. Tout ce qui sortait de ce cadre semblait suspect, voire rejeté. Cela a fini par créer une tension intérieure.
Ce manque de flexibilité dans la pratique s’est accentué avec le temps. Il y avait peu de place pour adapter la voie à la réalité vivante de chacun. Les formes étaient souvent prioritaires sur l’essentiel. Même la notion d’éveil semblait parfois plus liée à la fidélité à une tradition qu’à une réelle transformation intérieure.
Avec le recul, je réalise que cette rigidité vient en partie de l’histoire culturelle du zen. Développé au Japon, dans une société où la discipline, la hiérarchie et la rigueur sont valorisées, le zen a naturellement absorbé ces caractéristiques. Ce n’est pas un mal en soi, mais cela peut devenir un carcan si l’on confond culture et Dhamma.
Pendant la pandémie de COVID, l’isolement et le retour à soi ont naturellement éveillé en moi une remise en question de ma pratique du zazen. Ce contexte m’a conduit à explorer d’autres formes de méditation issues du bouddhisme ancien. C’est ainsi que j’ai découvert, entre autre, la méditation mettā, dans laquelle j’ai trouvé une douceur, une chaleur, une liberté, et surtout un rappel essentiel: la méditation n’est pas une fin en soi, mais un moyen parmi d’autres sur le chemin de la libération.
J’ai alors plongé dans l’étude du bouddhisme originel. Et là, tout a changé. J’ai redécouvert un enseignement cohérent, complet, profondément humain et chaleureux. Un enseignement où la méditation est importante, mais jamais isolée. Elle est inséparable de la moralité, de la sagesse, de l’attention, de la réflexion. Tout prend un sens. Chaque aspect de la vie devient un terrain de pratique.
Ce retour aux sources a été pour moi une libération. Je n’avais plus besoin d’adhérer à une forme unique, ni de nier la richesse des autres pratiques bouddhistes. J’ai compris que le Bouddha n’a jamais enfermé ses disciples dans une posture unique, ni dans un rituel figé. Il a offert un chemin vivant, souple, adaptable. Et c’est ce chemin que je poursuis aujourd’hui.
Je ne renie pas les années passées dans le zen. Elles m’ont forgé, aidé, guidé. Mais il était temps de changer de cap. Non par rejet, mais par fidélité à ce qui compte vraiment: la vérité vivante du Dhamma.
Quitter le zen n’a pas été un rejet, mais une libération. Je suis parti non parce qu’il était faux, mais parce qu’il était devenu trop étroit. En retrouvant le bouddhisme originel, j’ai retrouvé un chemin vaste, équilibré et vivant.
Le Bouddha n’a jamais prescrit une seule posture de méditation. Dans les textes anciens, il enseigne que l’on peut méditer en marchant, assis, debout ou couché — l’essentiel étant la présence lucide, non la forme. Il enseignait aussi différentes formes de méditation, chacune remplissant une fonction précise sur le chemin de la libération. La méditation n’est donc pas une pratique uniforme, mais un ensemble d’outils adaptés à des besoins variés.