"Ce que vous êtes aujourd’hui résulte de ce que vous avez été ; ce que vous serez demain résulte de ce que vous faites aujourd’hui."- Bouddha
Dans le Bouddhisme, l'être humain n'est pas réduit à son corps physique. Il est avant tout un flux de conscience conditionné qui traverse les existences, mû par ses actions passées.
Le Bouddhisme propose une vision radicalement différente de ce que nous sommes. Contrairement aux conceptions occidentales qui associent souvent l'identité au corps ou à une âme individuelle, le Bouddha enseigne que l'être humain est composé de cinq agrégats (skandha): forme matérielle, sensations, perceptions, formations mentales et conscience. Ces agrégats sont impermanents et interdépendants. Ils se manifestent à travers un courant conditionné, qui évolue d'instant en instant, et d'une vie à l'autre.
Ce courant n'est pas un soi stable ou une âme immuable. Il s'agit plutôt d'un processus dynamique, comparable à un fleuve dont les eaux changent constamment. Dans cette perspective, ce que nous appelons "je" n'est qu'une désignation temporaire donnée à ce flot de phénomènes, sans substance permanente. Le Bouddha qualifie cela de anatta, le non-soi, soulignant qu’il n’y a rien qui soit un soi véritable derrière l’expérience vécue.
Mais alors, si rien n'est fixe, qu'est-ce qui passe d'une vie à l'autre? Le Bouddha utilise l'image d'une flamme allumant une autre flamme. Il n'y a pas de transfert direct d'une chose fixe, mais plutôt une continuité conditionnée. C’est le karma, ou les actes intentionnels, qui façonnent ce courant de conscience et déterminent les circonstances de la prochaine naissance.
Le terme viññāṇa-sota, qui signifie "courant de conscience", illustre cette idée. Ce n'est pas une entité mais une entité-processus, qui évolue au gré des conditions et des causes. Lorsqu'une vie s'achève, le courant de conscience, sous l'influence du karma, trouve une nouvelle base matérielle dans laquelle se manifester, poursuivant ainsi son parcours.
Comprendre cela transforme radicalement notre vision de l'existence. Nous ne sommes pas limités à ce corps actuel, ni à une identité figée. Nous sommes ce flux de conscience, façonné par nos actions passées, évoluant constamment. Cette prise de conscience invite à la responsabilité: chaque action, chaque pensée participe à modeler ce courant et influence notre chemin futur.
Le but ultime du Bouddhisme est de mettre fin à ce flux conditionné, à travers la réalisation du Nibbāna. Ce n'est pas l'annihilation, mais la cessation du cycle des renaissances conditionnées, marquant la fin de la souffrance. Tant que ce flux persiste, il continue à renaître, mû par l'ignorance et les désirs non apaisés.
Le Bouddhisme enseigne que nous ne sommes pas un corps ni une âme, mais un courant de conscience conditionné par nos actes. Ce flux se manifeste d'existence en existence, façonné par le karma, jusqu'à ce qu'il atteigne l'Éveil et la fin du cycle des renaissances. Comprendre cela éclaire notre existence sous un angle plus vaste, où chaque action compte dans le façonnement de notre avenir.
Le Bouddha n’a jamais décrit en détail le "mécanisme" de la renaissance. Il mettait l’accent non pas sur ce qui relie exactement deux vies, mais sur l’urgence de comprendre ce qui conditionne notre expérience présente. Il enseignait que ce que nous appelons "renaissance" est le fruit de l'attachement, du désir et de l'ignorance. Plutôt que de spéculer, il invitait à observer directement le fonctionnement du mental ici et maintenant, car c’est là que le courant de conscience peut être vu, compris… et libéré.