"Tout ce qui naît est soumis à la cessation. Celui qui voit cela voit la voie."- Bouddha
Métro, boulot, dodo: derrière cette routine se cache un piège subtil, celui de l’identification aux rôles que l’on joue. Que dit le Bouddhisme originel sur cette source de souffrance ?
L’expression "métro, boulot, dodo" illustre une vie rythmée par des rôles répétitifs: travailleur, parent, citoyen. Pour le Bouddhisme originel, le problème ne vient pas des activités elles-mêmes, mais du fait que l’on s’identifie à ces rôles comme à une identité fixe. Cette identification nourrit l’illusion d’un soi permanent et solide, alors qu’en réalité, tout est impermanent et interdépendant.
Le Bouddha enseigne que cette tendance à s’approprier les fonctions ("je suis mon métier", "je suis mes responsabilités") relève de l’attachement (upādāna). Cet attachement naît de l’ignorance (avijjā), l’ignorance de la vraie nature des phénomènes. Ainsi, la routine métro, boulot, dodo devient source de souffrance (dukkha), car elle repose sur une croyance erronée en un soi que l’on doit sans cesse défendre, valoriser ou protéger à travers ces rôles.
Chaque jour, nous endossons ces rôles sans les questionner, absorbés par les attentes et les obligations. Mais le Bouddha invite à voir ces fonctions pour ce qu’elles sont: des phénomènes conditionnés, dépourvus de substance propre. En s’identifiant à eux, nous nous enfermons dans une définition limitée de nous-mêmes, et cette prison mentale engendre stress, épuisement et sentiment de vide.
Le Bouddhisme originel propose un chemin pour sortir de cette identification: cultiver la lucidité (sati) et la sagesse (paññā) afin de voir que les rôles ne sont que des apparences temporaires. Il ne s’agit pas de rejeter les responsabilités, mais de cesser de s’y accrocher comme à une identité. Ce changement de regard libère de la pression de "devoir être" et ouvre un espace de liberté intérieure, même au cœur des obligations quotidiennes.
En développant cette compréhension, le cycle métro, boulot, dodo peut cesser d’être vécu comme un destin inévitable. Il devient un cadre où l’on agit sans se confondre avec l’action, où l’on remplit ses fonctions sans les prendre pour soi. Cette désidentification allège la souffrance, car elle permet d’agir avec plus de souplesse, de détachement et de présence.
Le Bouddha enseigne que l’on souffre non pas à cause des choses elles-mêmes, mais à cause de l’idée erronée que "je suis cela". En cessant de se définir par ses rôles, on retrouve un rapport plus simple et apaisé au quotidien. Ainsi, même les journées les plus routinières deviennent des opportunités d’observer, de comprendre et de se libérer de cette illusion du soi.
Le Bouddhisme originel montre que la souffrance du métro, boulot, dodo vient de l’identification inconsciente aux rôles sociaux et aux fonctions quotidiennes. En les voyant comme impersonnels et impermanents, il devient possible de les assumer sans s’y enfermer, ouvrant la voie à une vie plus libre et consciente.
Le saviez-vous? Le Bouddha a enseigné que même l’idée "je suis en train de méditer" est déjà une forme d’identification subtile. Il encourageait à voir chaque phénomène comme "ceci n’est pas moi", afin de dépasser toute saisie, même sur le chemin spirituel.