"Ce qui n’est pas à vous, abandonnez-le. Quand vous l’aurez abandonné, cela vous conduira au bien-être et au bonheur."- Bouddha
Se coller des étiquettes enferme l’esprit, le coeur et le corps. Le Bouddha nous enseigne que ces croyances façonnent directement nos pensées, nos émotions et notre santé.
Se coller des étiquettes consiste à se définir par des affirmations figées comme "je suis fragile", "je suis dépressif", "je suis maladroit". Ces mots, répétés intérieurement, s’impriment profondément jusqu’à devenir des croyances inconscientes. Selon l’enseignement bouddhiste, ces constructions mentales renforcent l’illusion d’un soi fixe (atta), alors que la réalité est impermanente (anicca) et dépourvue d’essence propre (anattā). En croyant ces étiquettes, nous nous enfermons dans une identité restreinte qui conditionne notre expérience.
Sur le plan mental, ces étiquettes façonnent la pensée et limitent la perception. Chaque étiquette agit comme un filtre à travers lequel les événements sont interprétés. Par exemple, croire "je suis incapable" pousse à interpréter chaque difficulté comme une preuve de cette incapacité. Le Bouddha met en garde contre ces vues erronées (micchā-diṭṭhi) qui obscurcissent la compréhension juste. En s’identifiant à ces croyances, l’esprit réduit sa capacité d’ouverture, empêche de voir la réalité telle qu’elle est et renforce des schémas de pensée automatiques.
Sur le plan émotionnel, les étiquettes nourrissent des émotions douloureuses qui renforcent elles-mêmes l’étiquette. Dire "je suis anxieux" alimente l’anxiété ; "je suis faible" nourrit l’impuissance. Ce cercle vicieux entretient la souffrance (dukkha) issue de l’attachement (upādāna) à ces émotions. Chaque émotion renforce l’étiquette, et l’étiquette, à son tour, réactive l’émotion. Le processus devient un cycle fermé, difficile à désactiver tant que l’identification persiste.
Sur le plan physique, l’impact est concret et profond. Ces étiquettes ne restent pas au niveau mental: elles s’inscrivent dans le corps. Affirmer "j’ai un dos fragile", "je suis fatigué", ou "je suis malade" façonne la posture, modifie la respiration, crée des tensions et altère l’énergie vitale. Ces croyances agissent comme des instructions auxquelles le corps répond. Le lien entre esprit et corps, bien reconnu dans l’enseignement du Bouddha, montre que l’état mental influence directement la santé physique. Les étiquettes peuvent ainsi contribuer à l’apparition, au maintien ou à l’aggravation de douleurs chroniques, de troubles fonctionnels ou même de maladies graves.
Chaque répétition de l’étiquette renforce son empreinte, jusqu’à devenir une vérité vécue. Elle influence les choix, les comportements, la manière de parler, de marcher, de respirer. Elle conditionne la perception de soi et des autres. Se libérer de ces étiquettes demande une vigilance lucide et une attention bienveillante, telle que le Bouddha l’enseigne à travers la pratique de l’observation directe et non réactive de l’expérience présente.
Se coller des étiquettes est une forme d’auto-enfermement. Ces croyances façonnent la pensée, nourrissent les émotions douloureuses et impactent directement le corps. Selon le Bouddha, seule une compréhension claire de leur caractère conditionné, impermanent et impersonnel permet de les desserrer. En abandonnant ces identités figées, l’esprit retrouve une liberté naturelle, ouverte, fluide et vivante.
Dans un discours du Majjhima Nikāya, le Bouddha met en garde contre toute forme d’identification, même positive. Dire "je suis éveillé", "je suis pur", ou "je suis sage" crée aussi un attachement subtil à l’image de soi. La libération passe par l’abandon total de toute forme d’étiquetage, y compris spirituel.