"Ce que nous sommes résulte de ce que nous avons pensé : l'esprit est à l'origine, il façonne et dirige."
- Bouddha

La maladie selon le Bouddhisme

Par Martin Jutras

Dans le Bouddhisme, la maladie est vue comme le reflet de perturbations profondes, principalement mentales. Le karma peut aussi en être une cause, mais de façon secondaire.

Le Bouddha enseignait que l’esprit précède toutes choses. Dans le Bouddhisme originel, l’esprit et le corps ne sont pas séparés : ils agissent l’un sur l’autre à chaque instant. Une attitude intérieure de disharmonie (stress, colère, anxiété, rancune, etc.) influence le corps en profondeur et contribue souvent à l’apparition de certaines maladies. Ce lien n’est pas symbolique, il reflète l’interdépendance constante entre ce que l’on pense, ce que l’on ressent et ce que le corps manifeste.

Ce processus commence souvent par des états mentaux non bénéfiques, qui ne sont ni jugés ni étiquetés comme "mauvais", mais simplement reconnus comme causes de souffrance. Une inquiétude constante, une colère non reconnue, une tristesse enfouie ou une frustration répétée modifient la respiration, la posture, le sommeil et même la digestion. Avec le temps, le corps absorbe ces tensions mentales et les manifeste à travers divers symptômes.

Le Bouddha a insisté sur l’importance de la vigilance intérieure (sati). Être conscient de ce qui se passe dans son esprit permet de voir naître les agitations avant qu’elles n’affectent le corps. Lorsque l’esprit est apaisé, il devient un allié pour traverser la maladie avec patience et clarté, voire pour en réduire les causes profondes.

Il ne s’agit pas d’un rejet de la médecine, mais d’une compréhension complémentaire: guérir l’esprit, c’est aussi prendre soin du corps. Le Bouddhisme propose de revenir à l’équilibre intérieur pour prévenir ou accompagner la guérison, en s’appuyant sur l’attention, la compassion et la compréhension de l’impermanence.

"Une attitude intérieure de disharmonie [...] influence le corps en profondeur et contribue souvent à l’apparition de certaines maladies."

En parallèle, le Bouddhisme enseigne que certaines maladies peuvent être la conséquence d’actions passées: le karma. Ce principe repose sur la continuité des causes et des effets à travers les existences. Il permet aussi d’aborder les maladies qui semblent apparaître sans raison visible, comme celles qui touchent des enfants ou surviennent dès la naissance. Ce n’est ni une punition ni une faute personnelle, mais l’expression d’une loi naturelle dont les causes profondes échappent souvent à notre compréhension directe.

Cette lecture karmique ne signifie pas que l’on est responsable de tout ce qui survient, mais qu’il est toujours possible de transformer sa relation à la maladie. En cultivant la clarté intérieure, la patience, une parole paisible et des actes justes, on crée ici et maintenant un terrain plus favorable au bien-être. Même si l’on ne peut changer le passé, on peut toujours influencer la direction de son esprit, et cela a un impact réel sur le corps et la vie future.

Ainsi, la maladie dans le Bouddhisme est à la fois un reflet de l’état intérieur et une opportunité de transformation. Elle rappelle l’impermanence du corps, mais aussi la puissance de l’esprit à orienter la vie dans une direction plus harmonieuse.

En résumé

Dans le Bouddhisme, la maladie est principalement causée par des déséquilibres mentaux prolongés, qui perturbent le corps. Elle peut aussi découler du karma, c’est-à-dire d’actions passées ayant engendré des conditions de souffrance. Cette vision invite à cultiver un esprit apaisé et lucide, non seulement pour prévenir la maladie, mais aussi pour vivre plus librement.

Mise en Pratique

  • Observer ses tensions internes: Chaque jour, s’arrêter quelques instants pour sentir si le corps est tendu, et identifier quelles pensées ou émotions y sont liées. Cette prise de conscience permet d’éviter l’accumulation invisible de stress.
  • Nettoyer l’esprit par la bienveillance: Cultiver des pensées de bonté envers soi-même et les autres en répétant intérieurement: "Que je sois en paix, que les autres soient en paix." Cela réduit les conflits internes qui fragilisent le corps.
  • Méditer pour stabiliser l’esprit: S’asseoir chaque jour dans le calme, simplement pour rester présent à la respiration. Cette pratique développe une attention continue, qui diminue les ruminations et apaise l’activité mentale. Un esprit stable soutient naturellement la vitalité du corps.

Le Saviez-vous?

De nombreuses recherches scientifiques récentes confirment que l’état mental influence profondément la santé physique. Le stress chronique, les émotions persistantes et les pensées non apaisées affaiblissent le système immunitaire, favorisant l’apparition de troubles cardiovasculaires, de maladies inflammatoires… et même de certains cancers. Le Bouddhisme invite à purifier l’esprit non seulement pour la paix intérieure, mais aussi pour préserver l’équilibre du corps.